L'étreinte du monde

La poésie de LAÂBI dite et chantée

couverture l'étreinte du monde, abdellatif laabi, bernard ascal

EPM 980332

Ce CD-audio, enregistré en 2001, est le prolongement du récital créé le 23 mars 1999 à Stasbourg dans le cadre des manifestations culturelles organisées par le collectif "L'Autre Maroc".
Il propose une mise en musique de poèmes de l'une des grandes voix humanistes de notre temps, celle d'Abdellatif Laâbi dont l'oeuvre vient de recevoir en 2009 le Prix Goncourt de Poésie.

Programme et extraits musicaux

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L’équipe musicale est constituée de :

Piano: Sylvain DURAND
Guitare: Jérôme LEFEBVRE
Clarinette et saxophones (ténor et soprano): Philippe DOURNEAU
Saxophones (alto et baryton): Rémi SCIUTO
Contrebasse et arrangements: Gaël ASCAL

Récitant: Abdellatif LAÂBI
Chant et compositions musicales (1 à 18): Bernard ASCAL
Compositions musicales (19, 21, 24, 27 et 30): Gaël ASCAL

Cette parution a été soutenue par :

CCAM de Vandoeuvre-lès-Nancy
Association Khamsa
ADAMI

Photo de scène: Lodève ( juillet 1999 )
De gauche à droite: Sylvain Durand, Abdellatif Laâbi, B. A.,
Philippe Dourneau, Gaël Ascal.

Les points de vue de Pierre Dubrunquez et Serge Dillaz

Poésie, N° 91. Février 2002
Article de Pierre Dubrunquez

Abdellatif Laâbi et Bernard Ascal signent avec L'étreinte du monde un disque où, par delà chant et poème, deux voix se rencontrent et se conjuguent pour nous offrir dans la perspective de leur tessiture un étonnant volume de poésie. Bernard Ascal qui dédie depuis de nombreuses années son invention de chanteur-compositeur à la poésie d'auteurs d'inspiration souvent surréalistes ( Péret, Arp, Soupault, Queneau, Joyce Mansour...) fait en effet ici avec Abdellatif Laâbi l'expérience la plus vive — et de ce fait risquée — d'une véritable invention à deux voix qui ne doit rien à la somme d'une musique et d'un texte. L'une chante le poème secret d'une musique, l'autre parle la musique inconnue d'un poème. Le chanteur interprète des poèmes choisis dans l'ensemble de l'oeuvre du poète, puis celui-ci lit de larges extraits de Fragments d'une genèse oubliée. Des séquences musicales écrites par Gaël Ascal leur font un subtil contrepoint. Toute l'étreinte du monde est dans cet échange; tout un engagement dans le monde aussi, tant pour Abdellatif Laâbi dont on sait le rôle qu'il joua pour libérer la parole dans les pays du Maghreb, que pour Bernard Ascal dont les choix se portent de plus en plus à chanter et défendre la partage des cultures*.

* Suite à ce qui fut d'abord un spectacle présenté depuis 1999 tant au Maroc qu'en France, Bernard Ascal a créé à Rennes, en 2000, dans le cadre des "Tombées de la nuit", "Fleuve-Atlantique", récital consacré à la poésie francophone d'Afrique noire et des Antilles. Un nouveau récital sur la poésie francophone est en cours de préparation ainsi qu'un projet consacré à l'oeuvre d'Aimé Césaire Cahier d'un retour au pays natal.

Chorus, N° 39. Printemps 2002
Article de Serge Dillaz

Ce disque emplit l'espace telle une étreinte. Gonflés de la sève musicale de la bande à Bernard Ascal, les mots du poète marocain Abdellatif Laâbi éclatent au nez de l'étrange... Issus de la quotidienneté, ils ne font pourtant que transporter les joies, les colères, les douleurs qui sont le lot de l'humanité. Mais la banalité, en certains lieux, fait peur. Saluer le soleil ou le cheval qui se cogne la tête contre la porte de son box conduisent parfois à la prison, au bannissement.
Serviteur des surréalistes*, Bernard Ascal sait aussi habiller l'ordinaire des jours. Le cortège des heures, monotones et belles à la fois. L'image vacillante d'une maison accueillante, la routine terrifiante du tortionnaire... Composé le plus souvent sur des motifs jazzy, sa musique surprend tout d'abord. Peu à peu cependant, elle s'infiltre au coeur de notre sensibilité. Sans éclat, sans tapage — à l'image même de la "simplicité" du poète —, elle dépasse la spécificité pour embrasser l'universalisme.`Prolongement d'un spectacle créé à Strasbourg puis promené partout, ce CD est servi par des musiciens de formation classique qui aiment flirter avec la liberté de l'impro, Abdellatif Laâbi, le poète, y confiant en seconde partie quelques extraits de son recueil Fragments d'une genèse oubliée, entre des séquences musicales écrites par le contrebassiste Gaël Ascal.

Je chante! Discographie, N° 28. Octobre 2002
Article de Joseph Moalic

Bernard Ascal, artiste "complet" (auteur, chanteur, compositeur, peintre) crée, depuis une quinzaine d'années, des spectacles qui font la part belle à la poésie contemporaine. C'est ainsi qu'on a pu le voir au Tourtour, à la Folie en Tête... En 1997, il avait déjà réalisé un CD consacré à quelques surréalistes ( Péret, Queneau, Soupault, etc.). Il nous revient avec un très bel album entièrement dédié à Abdellatif Laâbi.
Je dois avouer qu'avant d'écouter ce CD je ne connaissais pas Laâbi. C'est d'ailleurs, à mon avis, l'un des intérêts majeurs de la poésie chantée que de lui permettre de quitter les cénacles où, trop souvent, le poète est quelque peu reclus, en tout cas aux yeux (aux oreilles!) d'un public qui à défaut d'être grand (en nombre) peut ainsi être plus large. Laâbi est marocain, poète, romancier, auteur de théâtre. Son engagement d'intellectuel et de démocrate lui vaut la prison, au Maroc (1972 à 1980). Il est installé en France depuis 1985. Le CD nous propose un parcours de l'oeuvre de Laâbi en deux phases: L'étreinte du monde (18 poèmes mis en musique et chantés par Bernard Ascal) et Fragments d'une genèse oubliée (textes dits par Abdellatif Laâbi, en alternance avec des séquences musicales).
Il faut écouter la parole de Laâbi, quitte à se donner le temps d'une pause, le temps de sortir du bruit ambiant. Ce qu'il nous dit, ce que chante Ascal, n'est pas exactement du domaine de la franche rigolade. Mais le temps est-il à rire? Laâbi nous dit des mots souvent sombres. Les titres des poèmes constituent d'ailleurs — hélas — tout un programme: "Les tueurs sont à l'affût", "Le tortionnaire", etc. Tout ceci serait trop noir, trop désespéré si l'auteur ne célébrait avec encore plus de force, la liberté, la tolérance. Témoin pour vous donner l'envie d'écouter ce disque: "Il faisait clair et bon / dans la cathédrale de Bourges / Je m'y sentais le coeur léger / comme dans les mosquées de mon enfance" ("La cathédrale de Bourges").

Si vous souhaitez vous procurer le CD
EPM, réf : 980332

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