CD-audio EPM – 986953
Parmi les diverses formes abordées par Pierre Mac Orlan — roman, essai, scénario, reportage — il y a la poésie. Pierre Mac Orlan la pratique, dans les années 1920, en prose ou en vers libre. Trois décennies plus tard, il privilégie le vers régulier et la rime afin d’en favoriser la mise en chanson.
Ce sont les poèmes de la première période, ceux écrits en prose ou en vers libre qui sont la source de ces 19 chansons inattendues. Pierre Mac Orlan y déploie un humour mordant qui n’épargne ni les banalités de l’existence, ni les grandes utopies. Il donne libre cours, sans jamais se départir de son esprit critique, à sa curiosité envers les avancées technologiques de son temps. Les poèmes baignent dans une ambiance de fête foraine et de music hall qu’affectionnaient les surréalistes et qui n’est pas sans rappeler les toiles de Robert et Sonia Delaunay, les décorations kitch des juke-box ou, de manière prémonitoire, les machines de Tinguely.
Devant cette toile de fond déambulent des destins dérisoires, des quidams sans but, des anonymes en quête d’identité. Certains glissent dans les chausse-trappes de son fantaisiste esprit d’anticipation et se retrouvent, sans crier gare, en plein XXIème siècle, parmi nous.
19 TITRES
Dominique CHEVIET : flûte et saxophone soprano
Bertrand COULOUME : contrebasse et basse électrique
Théo DELLOUE : Tuba
Jean-Marc DUMÉNIL : batterie
Julien ECREPONT : trompette
Delphine FRANCK : violoncelle
Jean-Baptiste GAUDRAY : guitare et banjo
Franck GIBAUX : percussions
Yves MOREL : trombone et accordina
Nicolas NOËL : piano
Eric PRÉTERRE : saxophone ténor
Bernard ASCAL : direction artistique et chant Yves MOREL : direction musicale et arrangements
Le CD PATISSERIES MECANIQUES
19 chansons inattendues de Pierre MAC ORLAN
EPM / Socadisc 986 953
Écouté par Jean Pierre GUINARD
Concepteur sur RADIO CANUT des émissions BISTANCLAQUE et VENDEMIAIRE
Un travail surprenant et réussi.
Surprenant parce que on est loin des bien connues et classiques chansons de MAC ORLAN, même revisitées !
Réussi et ça ce n'est pas rien , parce que Bernard ASCAL a vraiment une incroyable capacité à mettre en musique des textes pas du tout , mais alors pas du tout faits pour ça !
Et des mises en musique qui vont parfaitement bien à un point que, qui n'aurait pas les textes sous les yeux penserait qu'ils ont été écrits avec les césures qui collent à la musique.
C 'est vraiment quelque chose que Bernard Ascal réussit parfaitement sans doute mieux que personne, du moins, je ne vois pas qui d'autre !
Sans compter que Bernard ASCAL creuse son sillon devenu de plus en plus profond avec déjà cette même démarche d'originalité il y a 20 ans avec le premier cd des surréalistes mis en musique et puis toutes les entreprises suivantes aussi audacieuses, réussies et surprenantes les unes que les autres.
Pour revenir à cette dernière réalisation, oui, il y avait là des pépites à faire surgir.
De plus cette poésie de PMO est assez originale, et presque originelle tant elle est peu connue !
Qui connaissait encore ces textes ?
C'est donc bien une démarche de création de bout en bout — portée par une bonne équipe de 11 musiciens et les idées d'arrangement d’Yves MOREL —, musicalement très réussie.
Il reste à souhaiter succès et diffusion… Ce n'est peut-être pas forcément gagné mais qu’importe ! Il y a plus de gloire que de célébrité immédiate à attendre en se lançant dans une telle entreprise mais quand même ne lui imposez pas une reconnaissance posthume !
Bernard Ascal est en pleine forme, et il faut découvrir tout de suite ces joyaux de chansons.
Je connais mal Mac Orlan. Quelques mots chantés par Gréco, des images de Gabin et Morgan dans Quai des brumes... Et ce CD produit par Bernard Ascal chez EPM qui rassemble « 19 chansons inattendues» sera peut-être trompeur, puisqu'il révèle en quelque sorte la face B de l'auteur. Ces 19 poèmes en prose datant des années 20 sont nourris de l'esprit surréaliste du temps, quoique Mac Orlan se soit toujours tenu en marge du mouvement. Mais au-delà de la fraicheur, absurdité réjouissante des images (Le timbre liseron ou La femme accumulateur), qui font aussi penser à Boris Vian, trente ans plus tard, ces poèmes trahissent un sentiment tragique, d'une catastrophe permanente dans un décor de fête foraine (Bernard Ascal évoque avec justesse les toiles des Delaunay) : le pâtissier bascule dans sa pâte à galette, une humanité robotisée se laisse dévorer par les engrenages de la consommation, une mouche erre jusqu'à la mort dans un labyrinthe de tuyauteries. C'est que ce monde qui festoie en bonhomie au sortir de la Grande guerre ne veut pas voir que la suivante arrivera bientôt, et « le chercheur de vérité » agace ses contemporains, à toujours douter de tout, à vouloir connaître la recette du gâteau qu'on lui présente, et le secret des élections législatives, jusqu'à en tomber au fond du puits, où il meurt en vérité. Pour dire et chanter tout cela, Bernard Ascal a composé une musique jazzy, matinée de rythmes cubains, tantôt valse, tantôt mambo, voire rock, mais toujours boiteux, où la voix avance telle un pantin démantibulé.
(Photo © Rémi Biet)
Si vous souhaitez vous procurer le CD :
www.epmmusique.fr référence : CD-audio EPM – 986953
Photographie de Mac Orlan : © Musée départemental de la Seine-et-Marne